Le festival Théâtres de Bourbon propose des pièces et des troupes de théâtre d’exception, présentées dans des sites patrimoniaux d’exception... Pour cette soirée vous avez rendez-vous au château pour assister à la pièce adaptée du recueil de Victor Hugo !
Distribution et mise en scène
Adaptation :
Mise en scène : Jean-Claude Drouot
Interprétation :
Régie générale :
Lumières : Emmanuel Drouot
Illustration sonore :
L’Art d’être grand-père est un recueil à la tonalité résolument optimiste, malgré les blessures passées ou récentes et sans abandonner ses sujets de prédilection (la politique, le progrès, le peuple) il faut voir ce recueil comme une parenthèse de vie, animé, dans l’écriture, d’un souffle nouveau. « Je crois aux enfants comme on croyait aux apôtres ». (Victor Hugo)
Mais qu’on ne s’y trompe pas, car ces mots, s’ils s’adressent à l’enfance, sont plus malicieux que cela, plus polémique, plus…politique. L’engagement d’une vie d’écrivain témoigne de sa volonté de s’être consacré au peuple, à tout le peuple, les « grands » mais surtout les « petits ».
Il n’est donc pas étonnant que Jean-Claude Drouot ait souhaité nous le partager, pour nous dire simplement qu’il faut aimer ses petits enfants. Et, en véritable passeur, il nous emmène encore très loin dans l’amour qu’il a des textes et des mots.
Victor Hugo, lors des années qui suivent son retour d’exil, se déclare « vieux, faible et vaincu ». Forfait, il jette les armes.
Dans le déluge des malheurs familiaux qui le frappent de 1868 à 1873, la mort de sa femme, Adèle Hugo, les disparitions prématurées de ses deux fils, Charles et François-Victor, et celle, blessure toujours vive, de son aînée Léopoldine, en 1843, auxquels s’ajoute en 1872 la démence déclarée de sa cadette, Adèle, le sort assaille sans pitié la forteresse Hugo. De plus, devant les méfaits et le chaos de « l’Année Terrible », celui de la Commune, le dégoût du vieil homme est absolu.
Dès lors, Victor Hugo s’agrippe à son ultime bouée de survie : Georges et Jeanne, ses petits-enfants, orphelins de son fils Charles.
Il cède à la tentation du désert. Guernesey est un asile nécessaire, il y retourne mais il ne s’isole pas. Il demeure sur la terre où nous sommes, notre terre ! Fidèle à sa conscience, il a déserté le camp des vainqueurs. C’est en patriarche que mènent les enfants qu’il étudie « deux gouffres, Dieu et l’Enfance, le tremblant Nouveau-né et le Créateur flagrant, la même chose au fond ! »
Il devient le chantre ébahi, ébloui par les gazouillis de l’Innocence. L’Art d’être Grand-Père, son dernier recueil édité en 1877, nous invite à ne pas égarer en nous l’immense besoin d’étonnement de l’enfant. HUGO VICTOR SED VICTUS est devenu un bonhomme rêveur. Il a fendu l’armure. Lui reste sa prodigieuse écriture, celle du vaincu aussi belle, neuve et riche en pensée que celle de l’ancien vainqueur.
Devenu « l’aïeul » à mon tour et plein d’admiration pour l’audace des derniers textes de l’immense poète, j’ose, dans Le sourire de Jeanne, vouloir visiter et incarner cette parole intérieure de Victor Hugo, son sourire heureux dans son recueillement et sa Contemplation.
Jean Claude Drouot