Jean Zay (1904-1944) Jean Zay est un avocat et homme politique français né à Orléans (Loiret) le 6 août 1904, assassiné par des miliciens français à Molles (Allier) le 20 juin 1944 au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts du gouvernement du front populaire de Léon Blum et de ses successeurs, laïque et humaniste, le nom de Jean Zay reste également attaché à son destin tragique. Il symbolise à la fois le combat pour la démocratisation de l’enseignement et l’accès à la culture, mais aussi la lutte contre l’antisémitisme et le nazisme.
Un engagement politique précoce :
Jean Zay s'engage dès ses études secondaires en politique. Il adhère aux Jeunesses laïques et républicaines, puis devient membre du Parti radical dès sa majorité. Il fréquente les cercles républicains, devient membre de la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen et responsable de la Ligue de l'enseignement.
Elu député du Loiret à 27 ans sous l'étiquette radical-socialiste, puis réélu, nommé en 1936 sous-secrétaire d'État à la présidence du conseil, il devient à 32 ans, le 4 juin 1936, membre du gouvernement du Front populaire comme ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts.
Son action en faveur de la démocratisation de l’enseignement et de la culture
Jean Zay est d'abord, de 1936 à la guerre, pendant quarante mois, un ministre visionnaire de l'Éducation nationale - à la tête d'un ministère auquel sont rattachés les beaux-arts, la recherche et, plus tard, la jeunesse et les sports. Jean Zay contribue à faire de la culture pour tous un objectif majeur du régime. Il met une volonté farouche à démocratiser et moderniser le système scolaire français.
Les nombreuses réformes dans le domaine de l’éducation concernent l’unification du primaire, l’obligation scolaire (qui passe de 13 à 14 ans), de nouvelles instructions pédagogiques qui invitent déjà aux méthodes actives et novatrices, au développement de l’éducation physique, au recours à des classes transplantées ; il contribue au développement de la recherche pédagogique, permet l’accès aux bourses, installe les prémices des services d’orientation et l’accroissement de la formation des enseignants et de leur nombre…
Son action au service de la culture « pour tous » est remarquable : Création du Musée de l'Homme et du Musée d'Art Moderne, réorganisation des théâtres nationaux, et il est également à l'origine du CNRS. Il encourage par ailleurs le principe des bibliothèques mobiles (les bibliobus) et des « loisirs dirigés » à destination des élèves le samedi après-midi.
Il posera les bases, sans en être à la mise en œuvre, du Festival de Cannes (créé en 1946), de la création de l’ENA (créée en 1945).
Un destin extraordinaire :
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Jean Zay démissionne du gouvernement le 2 septembre 1939 et devient engagé volontaire en 1939 pour rejoindre l'armée combattante française et suivre le sort de sa classe d'âge. il s'embarque sur le Massilia en juin 1940 avec les parlementaires opposés à l'armistice pour rejoindre l’Afrique du Nord. Arrêté le 15 août 1940, il est renvoyé en métropole et, le 4 octobre 1940 le régime de Vichy le condamne pour désertion en présence de l'ennemi à la déportation à vie et à la dégradation militaire. Sa peine est commuée en internement et il est incarcéré à Riom.
Juif par son père, protestant par sa mère, franc-maçon et radical de gauche, Jean Zay devient pendant des mois la cible d’une violente campagne antisémite orchestrée par le gouvernement de Vichy, qui réclame la condamnation à mort du « juif Jean Zay ». Il suscite particulièrement la haine de la part des nazis et miliciens en raison de ses convictions et de son combat contre le nazisme.
Le 20 juin 1944, trois miliciens viennent le chercher à la prison. Ces derniers l'abattent à Molles, dans l'Allier, puis jettent son corps en tentant de le rendre méconnaissable. Jean Zay a 40 ans. Son corps n’est retrouvé que le 22 septembre 1946 avec celui de deux autres personnes, enfoui sous un tas de pierres. Sur ordre de la municipalité, les dépouilles sont enterrées dans une même fosse du cimetière communal. Faisant le rapprochement entre le cadavre et la disparition de Jean Zay, les restes de Jean Zay sont exhumés fin 1947 et identifiés grâce à sa fiche dentaire et aux mensurations données par son tailleur. Jean Zay est inhumé dans le grand cimetière d'Orléans depuis le 15 mai 1948.
Jugé en février 1953, le milicien auteur de son assassinat est condamné aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire de Lyon.
Réhabilitation posthume :
Le 5 juillet 1945, la cour d’appel de Riom réexamine les faits reprochés au sous-lieutenant Jean Zay et annule le jugement du 4 octobre 1940. Jean Zay est pleinement réhabilité à titre posthume.
Le 21 février 2014, le président de la République François Hollande annonce le transfert au Panthéon des cendres de Jean Zay et d’autres « grandes figures qui évoquent l’esprit de résistance ».
Si le destin de Jean Zay rappelle celui d’Alfred Dreyfus, lui aussi condamné par le régime, il évoque également celui de Jules Ferry, tant Jean Zay incarne peut-être plus que tout autre ministre du Front populaire et le plus durablement, le grand élan que Léon Blum a voulu impulser en 1936 en faveur des classes populaires et au profit de la démocratisation culturelle dans la république.
Il a tout pour devenir un martyr républicain exemplaire aux lendemains du second conflit mondial.