Direction Doyet
Après avoir visité la commune de Montvicq, je me suis rendu à Doyet, petite ville toute proche d'environ 1170 habitants. Longiligne dans sa traversée par la route départementale 2371, ancienne route nationale 145 puis route nationale 371 reliant Montluçon, à l'ouest, à Bézenet et Montmarault, à l'est.
Je me suis garé vers le cimetière d'où j'ai pris les premières photos.
Je parcoure alors les rues de la ville en passant devant l'église Saint-Pierre construite de 1875 à 1879. Tout proche le mausolée de Gaspard-Henri de Courtais de 1895. Ce monument a été élevé par la municipalité à la suite des instructions testamentaires du vicomte Pailhou, petit neveu du général.
Gaspard-Henri de Courtais naît à Montluçon en 1790. Par tradition familiale, il embrasse la carrière des armes. Après l'école de Fontainebleau, il participe à la campagne de Russie, puis à la campagne d'Espagne.
Son esprit libéral le rend indésirable dans l'armée sous la Restauration ; admis à la retraite, il se retire au château de La Chassignole, à Doyet. Il est, en 1842, proclamé député de l'Allier. Le 24 février 1848, il est appelé à prendre le commandement de la garde Nationale de Paris.
Destitué, il comparaît un an après devant la haute cour de Bourges. Remis en liberté, il revient à Doyet, où il se trouve au moment du coup d'état du 2 décembre 1851.
Recherché, il doit se cacher ; condamné à l'expulsion, il bénéficie cependant de la grâce du prince Jérôme. Il est à plusieurs reprises maire de Doyet.
En 1871, il est élu au conseil général, qu'il préside jusqu'à sa mort en 1877.
J' arpente la rue principale en passant devant la mairie. Quelques commerces dans ce joli centre-bourg.
Je reviens sur l'église saint-Pierre de style néo-roman. Construite en remplacement d'un ancien édifice tombant en ruine et beaucoup trop petit en raison de l'augmentation de la population. L'église primitive date du XIIème siècle ; sont venues s'y adjoindre cinq chapelles aux XVè, XVIIè et XVIIIèmes siècles.
Près de la nouvelle église est conservée l'une de ses anciennes chapelles datant du XVIIè siècle, l'église de Doyet connaît une certaine notoriété sous le ministère du curé Legros, qui y réunit une importante collection de drapeaux du monde entier en symbole de paix. Cette collection est aujourd'hui à Lapalisse.
Par curiosité, je me suis rendu à l'étang de Saulzet. Cet étang est entouré de "la légende du marteau", le seul dont disposaient les maçons qui construisaient le château de la Souche et celui d'Eclene. Dès que l'une des équipes avait besoin de l'outil, elle lançait un appel à l'autre équipe et, comme l'écho, le marteau venait par la voie des airs. Mais, un jour, il advint que l'un des compagnons, occupé à Eclene, ajusta mal son tir et le marteau n'atteignit pas son but, le donjon de la Souche ! Il tomba au milieu des saules au lieu qu'on appelait Saulzet et creusa l'étang...!
Apprenant cette légende, autant vous dire que je repris la voiture et fonça voir ce château de la Souche. Unique vestige de l'ancienne seigneurie de
La Souche, le donjon est construit sur une motte féodale d'une trentaine de mètres de diamètre. Lieu privé, l'endroit est fort agréable et le panorama de belle vision. Le donjon est magnifique, imposant et roi des lieux !
Les premiers éléments de muraille datent du XIIIème siècle et le donjon du XVème, ainsi que l'enceinte fortifiée, que défendent des tourelles d'angle.
A l'intérieur de l'enceinte étaient regroupés moulin, four et pressoir dont les banalités revenaient au seigneur du lieu. Les mâchicoulis polylobés du chemin de ronde, au sommet de la tour, constituent une caractéristique architecturale féodale très rare en France. Restauré par les soins du préfet Roche et de son fils, le château a reçu le prix Europa Nostra.
Plusieurs légendes sont attachées au château de La Souche : celle de la "dame blanche" qui hanta longtemps les pièces du château pour troubler les nuits de son mari, qui l'avait noyée, celle de "la poule aux poussins d'or" qui assurerait la protection "alchimique" du donjon, ou encore celle du " soudard révolutionnaire" dont on entend la respiration profonde chaque année à date fixe ! Le château est classé aux M.H. en 1929.
Une petite ville aux multiples légendes donc !
Vous trouverez aussi quelques infos aux éditions DE BOREE dans "châteaux, fiefs, Mottes, maisons fortes et manoirs en Bourbonnais, 2004"
https://www.doyet.fr/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Doyet
Le Patrimoine des communes de l'Allier, éditions Flohic, 1999.